Le massacre a eu lieu dans la nuit de ce vendredi 11 mai sur la colline de Ruhagarika dans la commune de Buganda. C’est au Nord-ouest du Burundi, à la frontière avec la RDC (République Démocratique du Congo). D’après des témoins, des hommes armés de fusils et d’armes blanches non encore identifiés se sont introduits dans des ménages et s’en sont pris à ceux qui s’y trouvaient. «C’était 22 heures quand ils ont défoncé les portes de la maison de notre voisin à coté, puis, j’ai commencé à les entendre crier au secours. Il y a eu des tirs et après un moment, ils ne criaient plus. J’ai compris qu’ils étaient déjà morts. Je me suis vite allongé sous le lit», a témoigné un habitant. «Les malfaiteurs se déplaçaient ménage par ménage. Ils tuaient les victimes soit par coup de machettes ou soit les brulaient vives et certaines d’entre elles ont été achevées à l’aide de fusils», a-t-il ajouté en pleurant.
Le Ministre de la sécurité publique, Alain Guillaume Bunyoni, le Chef d’Etat Major de l’armée burundaise, Prime Niyongabo ainsi que d’autres hauts cadres de la police ont fait un déplacement sur le lieu de la tuerie, ce samedi dans la matinée, pour se rendre compte de la situation. S’adressant aux journalistes, le Ministre Bunyoni a dressé un bilan de 26 morts et 7 blessés. « 24 parmi les victimes ont rendu l’âme sur le champ et 2 autres ont succombé aux blessures après leur évacuation à l’hôpital», a-t-il précisé.
Des mineurs parmi les victimes
D’après des sources policières et humanitaires, on compte une dizaine d’enfants tués dont l’âge est compris entre 3 mois et 14 ans. Un témoin raconte qu’un enfant de 13 ans a été brulé vif sur son matelas. Ce qui révolte le Ministre de la sécurité. «Les auteurs de l’attaque sont des terroristes qui sont venus de la RDC et s’y sont aussi repliés», a-t-il déclaré visiblement en colère. Et d’ajouter, «le gouvernement burundais est déjà en contact avec celui de la RDC pour les traquer».
«Tolérance zéro à quiconque diffuserait des informations qui divisent»
Alors que des sources concordantes affirment que parmi les victimes figurent une dizaine des membres de la famille de Jean Marie Vianney Nshimirimana ( connu sous le sobriquet de Mutwa), un agent de la police spéciale pour la protection des institutions(API) cité par l’opposition dans des actes de répression contre les manifestants opposés au 3ème mandat de Nkurunziza en 2015, Bunyoni met en garde quiconque diffuserait des informations qui sèment la panique. L’agent qui a perdu sa mère dans le carnage, est également cité par les détracteurs dans l’opération au cours de laquelle la famille du journaliste cameraman de la RTNB (Radio télévision nationale du Burundi), Christophe Nkezabahizi, a été décimée en octobre 2015.
Le Ministre s’est montré menaçant : «Je sais que l’on va raconter beaucoup sur ce qui s’est passé ici via les réseaux sociaux, les radios ou les télévisions. Je mets en garde tous ceux qui vont diffuser des informations qui provoquent de la panique. On est tous soumis à un devoir de compassion car nous avons tous perdu et sommes fâchés», a-t-il prévenu.
L’inhumation des victimes est prévue pour le 15 de ce mois. Le gouvernement promet de prendre en charges toutes les dépenses funéraires.
L’attaque survient à la veille de la tenue du référendum en vue de changer ou pas la Constitution de 2005 qui émane de l’Accord d’Arusha. Cet accord ayant mis fin à une guerre civile qui a été déclenchée par l’assassinat du président Melchior Ndadaye en 1993, plusieurs partenaires du Burundi dont l’Union européenne estiment qu’il est «inopportun» de changer la Loi fondamentale.