Le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, M. Filippo Grandi est arrivé à Bujumbura, ce mardi, pour une première visite depuis son élection par l’Assemblée générale de l’ONU en 2016. Il a été accueilli par le Président de la République, Pierre Nkurunziza. Lors de l’audience, deux points principaux ont été abordés. Il s’agit de la question des réfugiés burundais hébergés au Rwanda ainsi que celle liée aux chiffres globaux des réfugiés se trouvant dans les pays voisins, souvent donnés par le HCR, qui sont sujet de polémique et rejetés par le gouvernement.
Portant sur la situation de réfugiés dans la région, la visite de M. Filippo Grandi est entamée dans un contexte difficile avec une absence totale de collaboration entre le Burundi et le Rwanda sur toutes les questions politiques en général et surtout celle liée au rapatriement des réfugiés que ce dernier loge en particulier. Le gouvernement burundais va jusqu’à accuser le Rwanda de les « prendre en otage ». C’est d’ailleurs l’une des principales inquiétudes que le Président Pierre Nkurunziza a soumises au Haut Commissaire. « Le président lui a fait part de ses préoccupations sur le fait que certains réfugiés se trouvant au Rwanda souhaitent rentrer mais les autorités rwandaises le leur refusent », a déclaré Alain Diomède Nzeyimana, Porte-parole du Président de la République, après le huis-clos entre les deux autorités. Une autre inquiétude soulevée est liée aux statistiques, « fausses », selon le gouvernement, des réfugiés extérieurs que le HCR affirme avoir régulièrement inscrits dans ses registres depuis 2015.
En Juin dernier, l’institution onusienne avait annoncé que le mouvement des Burundais fuyant vers les pays voisins s’était poursuivi. Dans ses prévisions, elle estimait que, jusqu’à la fin de l’année 2017, le nombre de réfugiés pouvait être passé de 430.000 à plus de 500.000 personnes. L’annonce n’a pas plu aux autorités burundaises qui affirment que le pays a recouvré la paix et que, selon elles, il n’y a plus rien qui pousserait les gens à fuir. Pour elles, l’annonce du HCR cache un autre agenda. « Le Président de la République trouve irréalistes les chiffres donnés par le HCR et il l’a précisé au Haut Commissaire. Il lui a aussi indiqué que de telles données dégradent l’image de l’organisation », a souligné le porte-parole.
Filippo Grandi semble impuissant face à la situation des réfugiés se trouvant au Rwanda, pays dont les relations avec le Burundi continuent de se dégrader. Il affirme que la question n’est pas facile à résoudre mais garde l’espoir. Pour tenter de trouver un terrain d’entente entre les deux protagonistes, il a rencontré, au cours de sa tournée régionale, le Président rwandais, Paul Kagame, sur le sujet. Il a en revanche parlé du contenu de la discussion au président burundais. « On s’est mis d’accord pour étudier la possibilité d’avoir un cadre de dialogue sur les réfugiés et le HCR va faciliter ce cadre pour examiner toutes les questions relatives aux réfugiés », a-t-il fait savoir. Le Haut Commissaire ne partage pas l’idée du gouvernement burundais qui qualifie les chiffres de son organisation de « faux » ou d’« irréalistes ». « Je ne pense pas que c’est des faux chiffres mais c’est peut-être des chiffres qui doivent être vérifiés. On a commencé le projet de vérification de chiffres dans tous les pays qui hébergent les réfugiés burundais. Et on va le faire de manière biométrique, c’est la plus fiable pour qu’il n y ait pas de duplication. Mais ça va prendre quelques mois », a-t-il précisé avant d’ajouter que « le HCR ne peut pas soutenir le rapatriement forcé ».
Pour un rappel, à peu près 21000 réfugiés burundais sont volontairement retournés de la Tanzanie en 2017 et durant les premiers mois de 2018. M. Filippo Grandi promet de soutenir ces retours pour seulement des gens qui se portent volontaires.