Saviez-vous que 22 % des ménages burundais disposent d’un vélo ? Le pourcentage fait de cette petite reine le moyen de transport le plus populaire dans ce pays.
Dans des régions comme Imbo et Kumoso, il est même difficile – pour certains cas – de demander la main d’une fille si on n’est pas capable de lui offrir une bicyclette. Celle-ci y est presque inséparable de la vie des habitants. Ils en font usage pour puiser, pour se rendre dans des champs lointains ou transporter la récolte.
« Véhicule des pauvres »
Les voitures sont trop chères. Elles sont pour les riches. Au contraire, le vélo est facilement abordable par des gens de toutes les couches sociales. Avoir 50 dollars dans la poche [soit 5 ou 6 mois de travail comme domestique à Bujumbura] suffit pour s’en acheter un.
C’est le cas de Jean Marie Ndayisenga. Il assure des travaux de ménage au quartier Bwiza. Pour rentrer chez-lui à Kayanza, une cinquantaine de kilomètres, il s’aide de son vélo. « Il me faut de l’énergie seulement. Avant le départ, je dois manger pour m’assurer que je n’aurais pas de problème sur le chemin », raconte-t-il tout sourire. « Avec mon vélo, je peux même voyager jusqu’en Tanzanie. »
Précisons que le trajet Bujumbura-Kayanza [chef-lieu] par bus coûte 5000 FBu voire plus. Et là, on n’est pas encore chez Ndayisenga. On doit, encore, prendre une moto d’au moins 10.000 FBu. Voilà pourquoi il a tout fait pour avoir son propre vélo. « Il ne demande pas de carburant », se réjouit-il avant d’ajouter :
« Chez-nous, être propriétaire d’une bicyclette c’est un prestige. On devient respecté. Bref, c’est le véhicule des pauvres. »
En business moyen
Dans des villes comme à la campagne, le vélo est omniprésent dans le petit et moyen commerce. En mairie de Bujumbura par exemple, le ravitaillement de certains ménages en eau, bois, légumes, fruits, lait, … se fait par le véhicule à deux roues.
Des vendeurs ambulants s’en aident également. Virginie Habimana, 36 ans, habite Muyira, commune de Kanyosha, Province de Bujumbura. « Je vends des fruits et légumes. Je m’approvisionne chaque jour au marché dit COTEBU. Après je prends le vélo. Et avec toutes mes marchandises, je ne paie que 1000 FBu pour un trajet d’un kilomètre ou plus. C’est vraiment moins cher. Pour la même distance, un Tuk-tuk coûte 3000, un taxi 6000 FBu. »
Gagne-pain
Le vélo, parlons-en. Il sert à beaucoup de Burundais à gagner la vie. Sébastien Nyandwi a un diplôme universitaire. Après ses études, il s’est retrouvé au chômage. Mais au lieu de retourner à la campagne, il a préféré rejoindre le métier de vélo-taxi :
« J’exerce cette profession depuis deux ans. Elle me fait, de façon étonnante, vivre. J’ai même acheté une parcelle. Une vache aussi. En outre, je parviens à payer la scolarité de mes frères et sœurs. Voilà. »
Un autre exemple. Nduwayo est originaire de Kabarore, province de Kayanza. Il y a 4 ans, sa mère le contraint à se marier. Elle veut à tout prix de petits enfants. À l’époque, le jeune homme a 19 ans. Quelques jours plus tard, les choses tournent au vinaigre. Le couple, dépourvu de propriété foncière, n’a rien à manger. Son avenir est incertain.
Ainsi, Nduwayo décide de quitter pour Bujumbura, à la recherche d’un emploi. A l’instar de Sébastien, il devient conducteur de vélo-taxi. Le métier changera sa vie.
« Je gagne des revenus qui me permettent de payer le loyer, de manger et d’épargner une somme que j’envoie à ma femme. Je suis quand-même rassuré. Ce n’est pas comme avant. »
Enfin,
Il est clair que le vélo joue un rôle majeur dans le développement du Burundi. Il y représente un espoir pour près d’un quart de la population. En milieu rural, c’est le principal moyen de transport. Alors que dans certaines localités il n’y a même pas de routes, il est pratique pour emmener des patients à l’hôpital. Ou tout simplement pour transporter de la bière locale [Urwarwa, impeke, …] très appréciée au pays. Sans le véhicule à deux roues, que deviendrait la vie dans la nation de Ntare ?