Nous nous sommes proposés de vous partager ce raisonnement de l’intellectuel burundais, Acher Niyonizigiye.
« Il ne suffit pas de chanter « Développement », il y a des facteurs incontournables pour se développer. Le développement d’une nation requiert certaines mentalités – dont la plus importante est la primauté de l’intérêt général sur les intérêts individuels ou de groupe. Sans une conscience nationale et le sentiment de devoir de protection du bien commun, on se tire des balles dans le pied !
Le projet d’éclairage public par panneaux solaires dans la ville de Bujumbura a vite tourné au vinaigre avec le vol massif des plaques photovoltaïques et le déterrement des batteries. Aujourd’hui, c’est le tour des poubelles publiques récemment installées dans la ville de Bujumbura. Au lieu d’y jeter les ordures, on les vole tout simplement. Si demain les immondices refont surface, c’est le gouvernement qui sera blâmé pour la saleté ! Et si des épidémies liées à la saleté se déclarent, on va faire appel aux fameux « bagiraneza » – Une logique d’irresponsabilité totale.
Il y a une mentalité malade, ici ! Nous avons une mauvaise pratique, plus ou moins généralisée, mais qui se manifeste différemment : l’appropriation facile de ce qui ne nous appartient pas et la glorification de l’ego loin au-dessus de la communauté. Quand ce n’est pas une disparition extrêmement rapide d’un objet de valeur accidentellement oublié par son propriétaire, c’est le vol d’un bien public, l’acquisition illégale d’une parcelle dont le vrai propriétaire est absent du pays ; ou alors c’est le détournement pur et simple des fonds publics.
Il y a du pain sur la planche ! A part une éducation civique bien musclée et une application ferme de la loi, nous avons aussi besoin d’une réforme de l’éducation des enfants à partir des familles, en passant par les écoles. La nation prend les couleurs de ce qui se fait et se dit dans les foyers. Si nous ne sommes pas la génération qui va arrêter ce cercle infernal, posons au moins les bases pour celle qui va le faire ! »