Le conseil des ministres a révisé, au début de ce mois d’avril, la loi régissant le Service national de renseignement sur proposition du Ministre de la Sécurité publique. Alors que cette institution s’était jusqu’ici focalisée sur des menaces internes, elle pourra désormais se pencher sur celles de l’extérieur. Le projet ne précise pas de quel type de menaces il pourrait s’agir. Mais certains opposants en exil craignent déjà la répression en provenance du Burundi.
Dans un communiqué publié par le Secrétaire du gouvernement, Prosper Ntahorwamiye, à l’issu de la réunion, il a précisé que les échanges sous la houlette du Président Pierre Nkurunziza ont porté sur la modernisation du Service national de renseignement en vue de le rendre plus « professionnel » et plus « efficace ».
L’une des nouveautés : après la réforme, l’institution ne pourra plus se concentrer seulement sur les menaces internes au désavantage de grandes menaces provenant de l’extérieur, comme elle l’avait fait depuis longtemps. « Le développement des antennes extérieures est un autre aspect de réforme », lit-on dans le communiqué.
Toutefois, Prosper Ntahorwamiye ne précise pas de quelles menaces extérieures il s’agit. Mais quand même il annonce qu’il est préconisé la création d’un centre de formation aux sciences du renseignement qui va dispenser une formation « appropriée » aux différents cadres du SNR et agents.
Depuis l’éclatement de la crise de 2015, les autorités burundaises soupçonnent l’existence de groupes armés appuyés par certains pays voisins dont le Rwanda. D’après un expert contacté sous couvert d’anonymat, plus question pour celles-ci de se contenter des informations fournies dans le cadre de coopération bilatérale alors que les relations avec ces pays continuent de se détériorer. « Face à la menace rebelle, les autorités chercheraient à construire en urgence le système de surveillance extérieur pour se protéger », précise-t-il.
Des opposants en exil se disent inquiets. Ils craignent des représailles par des agents en provenance du Burundi. « On sait que le gouvernement burundais est en train de former des escadrons qui seront chargés de traquer des opposants en exil. C’est ce régime qu’on a fui. Mais maintenant il veut nous poursuivre jusqu’en exil. C’est inacceptable », s’inquiète un opposant vivant au Kenya.
Les autorités burundaises qualifient certains opposants, défenseurs et journalistes en exil de « putschistes » ou « terroristes ». Elles en veulent aux pays qui les hébergent et ont toujours souhaité leur extradition.
Selon l’Onu, outre près de quatre cent mille réfugiés burundais qui restent hébergés dans les pays voisins, de graves violations des droits humains se poursuivent au Burundi. Mais ces accusations sont balayées par les autorités burundaises.